Extrait d’une Interview d’une sœur franc maçonne du Val-de-Marne
Ce samedi 8 octobre dernier, la principale
obédience féminine faisait la fête à Créteil, dans le cadre
des célébrations de son 70 ème anniversaire. Durant tout l’après-midi, les
grandes maîtresses ont débattu de l’initiation au féminin et
de l’engagement collectif dans une salle bien remplie, essentiellement de
femmes mais aussi de quelques hommes. Une conférence publique destinée à se
retrouver entre soeurs mais aussi à mieux faire connaître l’organisation et
attirer de nouvelles recrues.
Comment sont-elles rentrées en maçonnerie ?
Pour plusieurs d’entre elles, la transmission
s’est faite, parfois inconsciemment, dans la famille, via un père, un
grand-père, un mari, un oncle… même si le déclic n’a pas toujours été
immédiat. « J’ai rejeté la maçonnerie pendant longtemps »,
reconnaît une soeur . D’autres ont été cooptées, repérées dans le cadre de
leurs actions. Une autre encore a rejoint l’obédience de son propre chef.
« Dans le cadre de mon travail, j’avais à faire à une personne qui
n’était pas comme tout le monde, qui avait plus de recul. J’ai appris qu’il
était Franc-maçon et c’est cela qui m’a donné envie d’en être« ,
confie-t-elle. Avant d’intégrer une loge, le parcours prend ensuite plusieurs
mois, voire un an. « Il y a plusieurs entretiens avec des soeurs,
pour évaluer si la personne est prête, quand elle est prête. »
Les profils : avocate, cadre à
responsabilité dans l’administration ou l’entreprise, responsable culturelle,
infirmière… « Financièrement, il faut reconnaître que la
cotisation annuelle, de l’ordre de plusieurs centaines d’euros, peut constituer
un frein« , pointe une soeur.
En France, la GLFF compte quelques 14 000 sœurs
dans 445 loges. Dans le Val-de-Marne, elle s’appuie sur quatre loges qui
partagent leurs locaux avec des loges masculines, à Créteil (2 loges), au
Perreux-sur-Marne et à L’Haÿ-les-Roses. Chacune compte une trentaine de
soeurs. Pour les maçons, il est en effet nécessaire de disposer d’un lieu
dédié, le temple, pour se réunir. C’est là que se déroulent les rites propres à
l’obédience. « Le temps symbolique permet de faire une coupure avec la
vie trépidante de l’extérieur pour entrer dans la réflexion de manière
sereine, attentive« , explique une soeur. « Cela peut paraître
un peu ridicule de l’extérieur mais la symbolique est aussi un outil pour
écouter l’autre, respecter sa parole comme quelque chose de sacré »,
insiste une autre. Certaines loges pratiquent un rite plus moins emprunt de
symbolique. C’est du reste pour cela qu’il y a deux loges à Créteil, l’une qui
pratique le rite français, l’autre le rite écossais ancien accepté (RE2A). Si
la loge est exclusivement féminine, certaines réunions de réflexion sont
partagées avec les frères des autres loges. Enfin… celles qui les
reconnaissent. La GLNF par exemple, ne reconnaît pas les femmes.
De quoi parle-t-on au sein de la loge ?
« L’obédience nous propose des sujets
sur lesquels nous réfléchissons et prenons position. Ensuite, nous
faisons remonter le fruit de nos travaux pour contribuer à une synthèse
nationale, explique Régine Toutin (ndlr, personne au centre de la photo,
entre les deux autres intervenantes de la conférence, Marie-Françoise Blanchet,
ancienne grande maîtresse de la GLFF, et Marie-Dominique Massoni, éditrice et
poétesse), grande maîtresse adjointe aux relations extérieures de la GLFF,
initiée en 1981. Nous sommes régulièrement sollicitées par les
commissions parlementaires sur des questions
éthiques et sociétales comme la gestation pour autrui, la
procréation médicalement assistée, le port du voile, les migrants…
Nous sommes
également engagées dans des actions humanitaires et soutenons par exemple
financièrement Gynécologie sans frontière. » La loge dispose
également de sa collection, Voix d’initiées, pour porter ses
travaux à connaissance, et intervient chaque trimestre dans l’émission de
France culture, Divers aspects de la pensée contemporaine. Pas
question en revanche de faire du prosélytisme sur le terrain pour les soeurs
qui ne sont pas officiellement en représentation. Un exercice discret de
l’influence qui agace certains, considérant cette manière d’agir comme secrète, manquant
de franchise. « Nous sommes discrètes mais notre action n’est
pas secrète. Nous ne complotons pas! », se défend une soeur. « Par
le passé, la franc-maçonnerie a été victime de persécutions. Nous ne l’oublions
pas. Lorsque j’ai visité Auschwitz, j’ai vu les baraques où ils avaient été
enfermés« , ajoute une autre.
J'apprécie beaucoup: Bravo !!!
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