mercredi 1 mars 2017

D’OU VIENT LE CALENDRIER MAÇONNIQUE?

L’Année de la Vraie Lumière — Anno Lucis en latin — serait due à James Usher, prélat anglican né en 1580 à Dublin, qui utilisait une chronologie censée débuter avec la création du monde selon la Genèse, estimée à 4000 av. J.-C. Il pensait ainsi fonder une échelle de temps absolue.
 Le pasteur Anderson l’a préconisée dans ses Constitutions de 1723 pour affirmer symboliquement l’universalité de la maçonnerie en adoptant une chronologie supposée indépendante des particularismes religieux, à tout le moins dans le contexte britannique de l’époque.
 L’année maçonnique a la même longueur que l’année grégorienne mais débute le 1er mars. Elle prend alors le millésime de celle-ci, augmenté de 4000. On rajoute quatre mille ans à l'année civile en cours.
 Pourquoi ? Parce que, dit-on, la franc-maçonnerie spéculative a voulu faire ainsi référence à la création selon la tradition biblique.
Plus exactement, il semble que la franc-maçonnerie se soit très librement inspirée de la date de la création du monde telle qu'elle résulte des travaux de James Ussher (1581-1656), primat de l'église calviniste d'Irlande.
Ce théologien prolifique a notamment publié une chronologie biblique situant la Création dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 octobre 4004 avant Jésus Christ dans le calendrier julien (je suis sûr que ça vous en bouche un coin !).
On rappelle que pour la tradition juive, nous ne sommes qu'en 5776 depuis le 13 septembre 2015.
On passe évidemment sur le sérieux du calcul. Les connaissances modernes ont fait litière depuis longtemps de ces élucubrations qui n'intéressent plus guère que quelques occultistes ou fondamentalistes religieux. Ce calcul est évidemment sans aucune valeur scientifique.
La franc-maçonnerie spéculative a pourtant maintenu cette échelle de temps moins par ignorance que pour marquer un rapport différent au temps. La loge travaille en effet de midi à minuit dans une relative uchronie. La référence symbolique à la création du monde est là tout simplement pour signaler que la maçonnerie a toujours existé, sinon dans les faits, du moins dans son principe. Elle existe symboliquement depuis la création de la lumière (Genèse 1:3).
Enfin, si le début de l'année maçonnique au premier mars a été consacré en franc-maçonnerie spéculative, c'est pour une raison qui n'a rien à voir avec le soleil, l'équinoxe de printemps, le réveil de la nature ou toute autre savante exégèse ésotérico-astrologique. C'est parce que le calendrier julien n'a été adopté en Grande Bretagne et ses possessions qu'en 1752, donc trente-cinq ans après la fondation de la Grande Loge de Londres. L’année maçonnique comporte deux fêtes : la Saint-Jean d’Été (Jean le Baptiste, fêté le 24 juin) et la Saint-Jean d’Hiver (Jean l’Évangéliste, fêté le 27 décembre), coïncidant symboliquement avec les solstices.

1 commentaire:

  1. Quelques petites précisions, voire rectifications...
    La réforme julienne du calendrier fait commencer l'année au premier janvier.
    Mais l'Angleterre, comme d'autres pays à diverses époques, fait commencer l'année au 25 mars depuis l'an 1155, bien qu'ayant adopté le calendrier julien.
    C'est bien en 1752 qu'elle adopte enfin la réforme grégorienne, qui l'oblige à commencer l'année au premier janvier.
    Cependant on ne peut généraliser sur toute la Grande Bretagne car l’Écosse, dès l'an 1600, fait partir l'année au premier janvier.
    Enfin, on peut supposer que le premier mars a été retenu, plutôt que le 25, dans une visée un peu plus universaliste.

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