L’Année de la Vraie
Lumière — Anno Lucis en latin — serait due à James Usher, prélat anglican né en
1580 à Dublin, qui utilisait une chronologie censée débuter avec la création du
monde selon la Genèse, estimée à 4000 av. J.-C. Il pensait ainsi fonder une
échelle de temps absolue.
Le pasteur Anderson l’a
préconisée dans ses Constitutions de 1723 pour affirmer symboliquement
l’universalité de la maçonnerie en adoptant une chronologie supposée
indépendante des particularismes religieux, à tout le moins dans le contexte
britannique de l’époque.
L’année maçonnique a la
même longueur que l’année grégorienne mais débute le 1er mars. Elle prend alors
le millésime de celle-ci, augmenté de 4000. On rajoute quatre mille ans à l'année civile en cours.
Pourquoi ? Parce que, dit-on, la franc-maçonnerie spéculative a voulu
faire ainsi référence à la création selon la tradition biblique.
Plus exactement, il semble que la franc-maçonnerie se soit très librement
inspirée de la date de la création du monde telle qu'elle résulte des travaux
de James Ussher (1581-1656), primat de l'église calviniste d'Irlande.
Ce théologien prolifique a notamment publié une chronologie biblique
situant la Création dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 octobre 4004 avant
Jésus Christ dans le calendrier julien (je suis sûr que ça vous en bouche un
coin !).
On rappelle que pour la tradition juive, nous ne sommes qu'en 5776 depuis
le 13 septembre 2015.
On passe évidemment sur le sérieux du calcul. Les connaissances modernes
ont fait litière depuis longtemps de ces élucubrations qui n'intéressent plus
guère que quelques occultistes ou fondamentalistes religieux. Ce calcul est
évidemment sans aucune valeur scientifique.
La franc-maçonnerie spéculative a pourtant maintenu cette échelle de
temps moins par ignorance que pour marquer un rapport différent au temps. La
loge travaille en effet de midi à minuit dans une relative uchronie. La
référence symbolique à la création du monde est là tout simplement pour
signaler que la maçonnerie a toujours existé, sinon dans les faits, du moins
dans son principe. Elle existe symboliquement depuis la création de la lumière
(Genèse 1:3).
Enfin, si le début de l'année maçonnique au premier mars a été consacré
en franc-maçonnerie spéculative, c'est pour une raison qui n'a rien à voir avec
le soleil, l'équinoxe de printemps, le réveil de la nature ou toute autre
savante exégèse ésotérico-astrologique. C'est parce que le calendrier julien
n'a été adopté en Grande Bretagne et ses possessions qu'en 1752, donc
trente-cinq ans après la fondation de la Grande Loge de Londres. L’année
maçonnique comporte deux fêtes : la Saint-Jean d’Été (Jean le Baptiste, fêté le
24 juin) et la Saint-Jean d’Hiver (Jean l’Évangéliste, fêté le 27 décembre),
coïncidant symboliquement avec les solstices.
Quelques petites précisions, voire rectifications...
RépondreSupprimerLa réforme julienne du calendrier fait commencer l'année au premier janvier.
Mais l'Angleterre, comme d'autres pays à diverses époques, fait commencer l'année au 25 mars depuis l'an 1155, bien qu'ayant adopté le calendrier julien.
C'est bien en 1752 qu'elle adopte enfin la réforme grégorienne, qui l'oblige à commencer l'année au premier janvier.
Cependant on ne peut généraliser sur toute la Grande Bretagne car l’Écosse, dès l'an 1600, fait partir l'année au premier janvier.
Enfin, on peut supposer que le premier mars a été retenu, plutôt que le 25, dans une visée un peu plus universaliste.