mercredi 12 octobre 2016

Le visage de la franc maçonnerie du Val-de-Marne

Extrait d’une Interview d’une sœur franc maçonne du Val-de-Marne

Ce samedi 8 octobre dernier, la principale obédience féminine faisait la fête à Créteil, dans le cadre des célébrations de son 70 ème anniversaire. Durant tout l’après-midi, les grandes maîtresses ont débattu de l’initiation au féminin et de l’engagement collectif dans une salle bien remplie, essentiellement de femmes mais aussi de quelques hommes. Une conférence publique destinée à se retrouver entre soeurs mais aussi à mieux faire connaître l’organisation et attirer de nouvelles recrues.

Comment sont-elles rentrées en maçonnerie ?

Pour plusieurs d’entre elles, la transmission s’est faite, parfois inconsciemment, dans la famille, via un père, un grand-père, un mari, un oncle… même si le déclic n’a pas toujours été immédiat. « J’ai rejeté la maçonnerie pendant longtemps », reconnaît une soeur . D’autres ont été cooptées, repérées dans le cadre de leurs actions. Une autre encore a rejoint l’obédience de son propre chef. « Dans le cadre de mon travail, j’avais à faire à une personne qui n’était pas comme tout le monde, qui avait plus de recul. J’ai appris qu’il était Franc-maçon et c’est cela qui m’a donné envie d’en être« , confie-t-elle. Avant d’intégrer une loge, le parcours prend ensuite plusieurs mois, voire un an. « Il y a plusieurs entretiens avec des soeurs, pour évaluer si la personne est prête, quand elle est prête. »

Les profils : avocate, cadre à responsabilité dans l’administration ou l’entreprise, responsable culturelle, infirmière… « Financièrement, il faut reconnaître que la cotisation annuelle, de l’ordre de plusieurs centaines d’euros, peut constituer un frein« , pointe une soeur.

En France, la GLFF compte quelques 14 000 sœurs dans 445 loges. Dans le Val-de-Marne, elle s’appuie sur quatre loges qui partagent leurs locaux avec des loges masculines, à Créteil (2 loges), au Perreux-sur-Marne et à L’Haÿ-les-Roses. Chacune compte une trentaine de soeurs. Pour les maçons, il est en effet nécessaire de disposer d’un lieu dédié, le temple, pour se réunir. C’est là que se déroulent les rites propres à l’obédience. « Le temps symbolique permet de faire une coupure avec la vie trépidante de l’extérieur pour entrer dans la réflexion de manière sereine, attentive« , explique une soeur. « Cela peut paraître un peu ridicule de l’extérieur mais la symbolique est aussi un outil pour écouter l’autre, respecter sa parole comme quelque chose de sacré », insiste une autre. Certaines loges pratiquent un rite plus moins emprunt de symbolique. C’est du reste pour cela qu’il y a deux loges à Créteil, l’une qui pratique le rite français, l’autre le rite écossais ancien accepté (RE2A). Si la loge est exclusivement féminine, certaines réunions de réflexion sont partagées avec les frères des autres loges. Enfin… celles qui les reconnaissent. La GLNF par exemple, ne reconnaît pas les femmes.

De quoi parle-t-on au sein de la loge ?


« L’obédience nous propose des sujets sur lesquels nous réfléchissons et prenons position. Ensuite, nous faisons remonter le fruit de nos travaux pour contribuer à une synthèse nationale, explique Régine Toutin (ndlr, personne au centre de la photo, entre les deux autres intervenantes de la conférence, Marie-Françoise Blanchet, ancienne grande maîtresse de la GLFF, et Marie-Dominique Massoni, éditrice et poétesse), grande maîtresse adjointe aux relations extérieures de la GLFF, initiée en 1981.  Nous sommes régulièrement sollicitées par les commissions parlementaires sur des questions éthiques et sociétales comme la gestation pour autrui, la procréation médicalement assistée, le port du voile, les migrants… 

Nous sommes également engagées dans des actions humanitaires et soutenons par exemple financièrement Gynécologie sans frontière. » La loge dispose également de sa collection, Voix d’initiées, pour porter ses travaux à connaissance, et intervient chaque trimestre dans l’émission de France culture, Divers aspects de la pensée contemporaine. Pas question en revanche de faire du prosélytisme sur le terrain pour les soeurs qui ne sont pas officiellement en représentation. Un exercice discret de l’influence qui agace certains, considérant cette manière d’agir comme secrète, manquant de franchise. « Nous sommes discrètes mais notre action n’est pas secrète. Nous ne complotons pas! », se défend une soeur. « Par le passé, la franc-maçonnerie a été victime de persécutions. Nous ne l’oublions pas. Lorsque j’ai visité Auschwitz, j’ai vu les baraques où ils avaient été enfermés« , ajoute une autre.

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