Dialogue pour démystifier la franc-maçonnerie

Des représentants de l’obédience ont tenu une conférence destinée à lever les idées reçues sur cet ordre initiatique

Samedi dernier, le maire Bernard Guiraud a accueilli les représentants de la loge maçonnique du Grand Orient de France (GODF), en la personne de Xavier Chabois-Chouvel accompagné de Michel Saubion et d’Alain Ribet. Un grand moment culturel, marquant « trois Siècles d’émancipation », dans le lieu symbolique de l’ancien palais de justice. Le but de la conférence ? Expliquer la franc-maçonnerie, la démystifier aux yeux des profanes, expliquent les intervenants. Une centaine de personnes sont venues pour mieux connaître cet ordre initiatique, philosophique et humaniste, philanthropique dans sa défense de la dignité humaine, progressiste dans sa méthode.

« S’enrichir de l’autre, de sa différence pour atteindre une réelle connaissance de soi est le but recherché ». Selon le maître de la conférence, initiation et engagement sont des champs d’investigations immenses. « Une vie entière n’y suffit pas, le processus est lent et exigeant. Cette association est à la recherche de la vérité, l’étude morale et la pratique de la solidarité. Elle travaille également à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité. »

Thèmatiques sociales

Ces principes sont la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, une liberté absolue de conscience et attache une importance fondamentale à la laïcité, assure-t-il. « Entrer en maçonnerie c’est se libérer des conditionnements antérieurs pour aller librement vers son émancipation intellectuelle », poursuit Xavier Chabois-Chouvel. Ce dernier souligne que de nombreux sujets sociétaux sont nés de la réflexion menée dans les loges, comme la séparation de l’Église et de l’État, la laïcité, la protection sociale, les congés payés, la contraception et le droit à l’avortement, la dignité en fin de vie…

Aujourd’hui les thèmes abordés sont tout aussi fondamentaux : l’éducation de la jeunesse, la lutte contre le communautarisme, la question des migrants et des réfugiés, la recherche d’une nouvelle morale, le transhumanisme… Sur certains sujets d’actualités majeurs le GODF s’est doté de commissions nationales, dans les domaines de la santé publique, de la bioéthique, du développement durable. Les résultats de ces travaux sont accessibles à tous.

Pas une secte

Pendant près d’une heure le conférencier a répondu aux nombreuses questions de l’assistance. Comment fait-on pour entrer en franc-maçonnerie ? « Il suffit d’entrer en contact par l’intermédiaire du site du GODF, d’écrire une lettre en précisant ces motivations, un casier judiciaire vous sera demandé. » Pour ceux qui veulent quitter le Grand Orient de France « un courrier simple suffit. La franc-maçonnerie n’est pas une secte. »

Plaidant pout un pacte social qui place la société à l’abri des tensions religieuses, Xavier Chabois-Chauvel estime que, pour le moment, « il n’y a pas de politique satisfaisante, la société évolue très vite, les repères sont moins visibles ». Il trouve incompréhensible que certains de nos hommes politiques aillent « faire allégeance aux instances religieuses » alors même que « nous vivons dans un pays libre et laïc. »

Qu’en est-il du secret maçonnique ? Le premier concerne l’initiation, que nul ne pourra connaître s’il n’est pas lui-même initié. Le second concerne l’appartenance : nul ne peut révéler la qualité d’un membre de l’obédience. Si chacun est libre de se présenter comme tel, nul ne peut dévoiler autrui. Un secret spécifique aux pays ayant connu l’occupation ou des régimes dictatoriaux. Des pays qui ont vu, le plus souvent, les maçons stigmatisés et opprimés.